Ce que votre smartphone ou votre tablette fait à votre colonne vertébrale

Vu à la télé et sur le net, lu dans la presse : « Ce que votre smartphone ou votre tablette fait à votre colonne vertébrale ! ». Du grand n’importe quoi !!!

Certains spécialistes nous avaient déjà prévenus que les cellulaires donneraient le cancer, ou pour le moins nuiraient gravement à notre santé. Cette information n’a rien changé à nos habitudes faute de preuves valables. Et voilà maintenant qu’internet, la télé, la Presse grand public nous révèlent que selon un chirurgien spécialiste de la colonne vertébrale, le Dr Kenneth K. Hansrai, d’avoir la tête penchée en avant sur nos cellulaires et tablettes, de 2 à 4 h par jour, influencerait grandement notre posture, et correspondrait à l’équivalent d’une charge de 27 kilos sur notre cou.
Le journal anglais « Telegraph » de son côté, cite un chiropracteur anglais Rachael Lancaster, qui parle de « texte neck », caractérisant une « épidémie » de maux du cou touchant les accros au smartphone. Rien moins que cela !

Il est vrai que toute posture tenue durant un certain temps est forcément contraignante. Ce n’est pas nouveau. Seulement prétendre ensuite comme le fait le docteur Hansrai, que c’est comme porter un enfant de huit ans sur les épaules, là je m’insurge !!! Il n’y a d’ailleurs qu’à tenter l’expérience. Le résultat sera parlant. Un enfant porté sur les épaules créée une telle contrainte sur celles-ci, qu’il est impossible de tenir la posture plus de quelques minutes, avec à la clé d’immédiates et douloureuses tensions dans le cou et les épaules. Alors que nos tablettes et smartphones sont ultra-légers et ne suscitent pas cet inconvénient.

Et que dire des passionnés de lecture (porteurs de livres parfois très lourds), de tricot, de broderie, qui adoptent la même posture durant des heures ? Pourquoi les exclure de l’étude ? Lire un document en baissant le cou n’est pas nouveau. Ce n’est pas une pratique née avec les tablettes.
J’ajouterai que les sacs des Dames portés des heures durant et contenant tout un fourbi parfois inutile, sont aussi très lourds. Ils tirent sur l’épaule et donc sur le cou.



Les maçons, plombiers, aides-soignantes (qui s’occupent de patients souvent très lourds et peu mobiles) entre autres exemples, qui ne respectent pas les règles d’économie rachidienne (du dos) aussi bien dans leur activité professionnelle que dans leur vie privée (jardinage, bricolage, ménage avec l’usage de l’aspirateur notamment), risquent de souffrir davantage de ce manque de précautions, qu’à cause de l’usage même intensif de leur cellulaire.

Si l’utilisateur de cellulaire, de tablette, fait de la « gonflette » régulièrement, ou bien du VTT, du judo, de la boxe, ces activités peuvent aussi largement contribuer à son mal.



La station assise prolongée sur des sièges inadaptés, est l’une de mes « bêtes noires ». Je l’ai évoquée à maintes reprises dans ce blog. Si l’on est mal assis durant des heures, à pianoter sur un ordinateur ou devant une table à dessin par exemple, les contraintes sont autrement plus considérables sur la colonne vertébrale qu’avec un cellulaire.

L’un de ces « spécialistes » dit qu’il faut : « garder ses oreilles dans l’alignement du corps », c'est-à-dire garder la tête droite en téléphonant ou en utilisant sa tablette. C’est idiot, car dans ce cas on est obligé de soulever son bras plus haut pour atteindre l’oreille, ce qui surmène l’épaule. Or, épaules et cou sont étroitement liés. D’ailleurs, un Kiné ou un Ostéo qui traite chez un patient des douleurs de cou, doit aussi traiter l’épaule, et inversement. Mieux, il doit examiner son patient de la tête aux pieds et corriger l’appui au sol s’il y a lieu.

Il faut savoir que le « phénomène douleur chronique » implique tous les composants du cerveau. En trouver l’origine est un véritable casse-tête. Il est par exemple démontré que l’on ne connait la cause réelle d’une lombalgie commune que dans cinq pour cent des cas.
Alors, incriminer automatiquement le cellulaire ou la tablette numérique pour de subites douleurs du cou, relèverait du grand n’importe quoi.

En cas de douleur chronique, on évoque également une « atrophie » du Thalamus, le noyau cérébral qui contrôle douleurs, mouvements et postures (voir le précédent billet sur ce blog). Ce qui implique de brusques assauts douloureux sans lien direct avec l’activité pratiquée. Le cerveau « disjoncte » brusquement sans prévenir ! De quoi encore compliquer la donne en matière de diagnostic dans l’origine des douleurs.

Un conseil très simple :



En téléphonant ou en maniant sa tablette, il suffit de poser son avant-bras sur un support, ce qui soulage grandement les contraintes exercées sur le cou. Finis les 27 kilos de pression sur le cou !

Halte au spectaculaire à tout prix dans la Presse grand public, au scoop qui n’en est pas un parce que relevant d’études scientifiques mal conduites !

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