Traitements médicaux contre l’arthrose, efficaces ? Non, semble-t-il !

En ce qui concerne les AASAL (anti-arthrosiques symptomatiques d’action lente), déjà en 2010, l’American Collège of Rheumatology les avait retirés de la liste de ses recommandations. Depuis, la Commission de transparence française (CT)* a conclu : « Les AASAL n’empêchent pas la dégradation articulaire, leurs effets sur la douleur et la gêne fonctionnelle sont minimes et de pertinence clinique discutable, le service médical rendu est insuffisant pour justifier leur prise en charge par la solidarité nationale ! »
Or que voit-on ? En France, tous les rhumatisants sont gavés de ce type de médicaments l’année durant. Du coup, au lieu d’être bonifiée, leur santé se dégrade.
Peut-on espérer un changement dans les prescriptions des rhumatologues au vu de telles conclusions scientifiques ? Je réponds clairement non ! Rien ne changera !
Je connais déjà la réponse qu’on me servira : « Les patients réclament leurs médicaments ! ». Oui, mais être professionnel de santé c’est éduquer, ce n’est pas se laisser mener par le bout du nez par ses patients.

La prise en charge de l’arthrose ne doit pas se suffire au traitement des symptômes, en particulier de la douleur, sachant de surcroît que la liaison entre les deux est très mal établie. Prenons l’exemple concret de l’arthrose vertébrale. Je cite **: « On sait depuis longtemps que l’arthrose vertébrale n’est pas toujours douloureuse, loin de là, et plusieurs travaux ont montré qu’il était impossible sur des radiographies de sujets de même âge, de distinguer les sujets qui souffrent de ceux qui ne souffrent pas. Il est difficile (le plus souvent impossible), d’identifier une cause anatomique précise des lombalgies chroniques où les facteurs psychologiques intriqués ont un rôle majeur. »
Voilà qui est clairement dit. Chez le sujet douloureux chronique (plus de trois mois), le message douloureux est faussé, notamment au niveau du thalamus. Le cerveau « beugue » en analysant ce message. Ce qui fait qu’on peut avoir vraiment mal sans que la région concernée présente le moindre trouble en rapport. Donc tenter uniquement de stopper le « message douleur » par des médicaments est un non-sens thérapeutique !

Les problèmes découlant de l’arthrose relèvent essentiellement d’un déconditionnement neuro-moteur. C’est prouvé. Le mouvement fait peur, on a peur d’être aggravé, or c’est en bougeant intelligemment qu’on peut s’en sortir (prophylaxie vertébrale c'est-à-dire apprentissage des gestes qui ménagent les articulations, propioception, exercices favorisant le gainage, réentraînement à l’effort). L’aide, le suivi, d’un professionnel de santé habilité est indispensable. Certains patients n’ayant plus confiance en leur Rhumatologue, se tournent vers leur ostéo qui leur dit : « Quand vous avez mal, venez me voir, ça suffit ! ». Faux ! Ca ne suffit pas, on ne peut pas s’en sortir comme ça ! Le kiné qui se contente de vous poser sur la peau des électrodes reliées à un appareil de basses fréquences (TENS), et qui vous papouille cinq minutes, ne vous rend pas plus service.
Alors quelle prise en charge est efficace ?
Un peu de psychothérapie, un rien de saine diététique alimentaire, un zest de thérapie manuelle, un chouïa d’acupuncture, un soupçon de kinesiologic Tape, des conseils visant à mieux gérer son corps (station assise, équilibre, auto-étirements actifs myotendineux), quelques exercices à la maison au quotidien en privilégiant le gainage, et pourquoi pas débuter une activité sportive (Taï-chi, gym en salle, elliptique, Wii Fit, marche, aquagym, vélo).
La prise en charge doit être complète pour être efficace. Se contenter d’une option ne suffit pas. Ainsi lorsqu’on est réfractaire au moindre effort, si on se complait dans sa vie de sédentaire en demandant seulement « qu’on nous enlève la douleur » sans changer certaines choses dans sa vie, on est fichu !!! Ceux qui vous diront le contraire sont des charlatans s’intéressant plus à votre carte de crédit qu’à votre santé ! Ils sont légion !

  • Rhumatos. Septembre 2013. Vol 10. Numéro 90.
    • Revue du Rhumatisme. Monographies. Février 2011.Vol 78 ; N°1. P19.

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