Massage ou papouillothérapie ?

Massage ou papouillothérapie ?

Le massage permet d’activer la circulation locale, d’entretenir une bonne oxygénation tissulaire, son action est décontracturante ou au contraire stimulante, discrètement anti-inflammatoire, hélas sa réelle efficacité en tant que méthode de soin à part entière n’est pas prouvée.

En Espagne, « los massajes » ne sont pas l’exclusivité des fisioterapeutas, mais dans l’hexagone il reste encore l’apanage des MK, qu’il soit à visée médicale ou de confort, sauf que les esthéticiennes par la loi du 13 juillet 2005 en faveur des petites et moyennes entreprises, ont obtenu « le modelage esthétique de confort sans finalité médicale (article 38) ». On joue sur les mots ! Concrètement les MK ont perdu une bataille en attendant de perdre la guerre. Quelque part, c’était prévisible, du fait d’une perte d’intérêt de la profession pour cette modalité thérapeutique emblématique, devenue trop souvent une ‘papouillothérapie’ sans âme, et peu à peu délaissée au profit d’une mécanisation à tout crin. Il est certes plus rentable et moins fatigant de brancher sur machine quatre ou six patients tous les quart d’heure ! Une minorité d’irréductibles gaulois, des « masseurthérapix », continue de cultiver cet art millénaire, et il faut s’en réjouir. La majorité des français (75%) pense que le massage est affaire de professionnels et qu’il doit être réservé aux kinés.

Les massages à la mode sont le shantala et l’ayurvédique indiens, le massage du Kerala, le do in et le tuina chinois, le shiatsu, le reiki japonais.

Qu’est-ce qui différencie radicalement ces modalités de toucher les unes des autres, alors que si on y regarde de plus près on s’aperçoit qu’il n’y a pas trente six manières de faire. C’est un contact « mains contre peau », une pression plus ou moins forte, une relation plus ou moins intime, puisque le toucher est intimité. C’est tout. Qu’est ce qui fait qu’on est plus attiré par une forme de massage plutôt que par une autre ? Affaire individuelle. On préfère telle méthode plutôt que telle autre parce que notre imprégnation socio-culturelle, notre environnement, déterminent nos choix.



Certaines techniques cherchent à percevoir le mal enfoui au plus profond du soma (la matière) par « palpation-diagnostic » comme la biokinergie, laquelle (prétend-elle) dénoue les tensions musculaires de l’organisme appelées « enroulements tissulaires spiralés » à l’origine (disent-ils) du déséquilibre du système énergétique. D’autres, comme le massage enseigné en école de kiné, sont à simple visée symptomatique (on a mal là, on masse là, alors que souvent la vraie cause est profonde, lointaine). Les manières de masser européennes sont volontiers « techno-logiques », c’est à dire qu’elles s’imposent une rigueur basée sur nos connaissances de la physiologie du corps humain. Les manières africaines quant-à elles, tendent à forger autant le caractère que le corps : le massage doit éduquer, préparer à une vie d’homme (ou de femme). Les manières orientales se préoccupent de l’énergie vitale qui parcourt notre corps au travers d’un réseau de canaux invisibles (les méridiens d’acupuncture) ; elles sont volontiers préventives, et se doivent d’éviter avant tout la maladie. Le principe ayurvédique, d’origine indienne, agit par polarités afin de dénouer l’énergie bloquée dans les chakras (centres énergétiques du corps).

C’est une thérapie énergétique.

Tant qu’on est dans le domaine du modelage de confort, on peut tolérer des théories fantaisistes, mais à partir du moment où on aborde la maladie, c’est terminé. Pour donner un exemple, il ne suffit pas d’être étiqueté masseur, pour être capable de traiter correctement un lymphoedème après chirurgie sur cancer du sein. Il faut être initié au drainage lymphatique inventé par Vodder dans les années mille neuf cent vingt. Hélas, j’ai vu bon nombre de spécialistes en drainage lymphatique, abandonner cette pratique du fait qu’elle est épuisante et surmène à la longue le dos du pratiquant.



Masser en choisissant une posture de confort pour son patient :

Quand on masse le dos de quelqu’un qui en souffre, il faut qu’il soit confortablement installé. Installé sur le ventre, par exemple, on n’est pas à l’aise. Il y a de fort confortables sièges de massages.



Se masser la plante du pied est-il efficace ?



Prétendre soigner un organe malade en se massant certains points du revêtement cutané, s’appelle la réflexologie. La peau est une « carte Michelin de la santé » qui reflète toutes les parties du corps. On trouve une complète cartographie sur : crâne, pavillon de l’oreille, paume des mains, dos, cloisons nasales, plantes des pieds, iris de l’œil. Est-ce que l’on peut pour autant guérir de quoi que ce soit en agissant de la sorte ? Sérieusement non ! Tout au plus peut-on espérer un soulagement temporaire. Ca peut aider à prendre moins de médicaments, et rien que pour ça, c’est bien.



Les pommades : leur intérêt réel ou supposé ?



En cas d’effort sportif il est rassurant de masser en usant d’huiles essentielles de capscicine, de romarin, de gingembre, de ravensare. L’arnica lutte contre les coups. Effet thérapeutique très-très réduit. Quant aux crèmes amincissantes, si les meilleures d’entre elles permettent une diminution des périmètres anthropométriques (jusqu’à deux centimètres de tour de cuisses), c’est essentiellement parce que les client(e)s font parallèlement des efforts pour garantir la réussite de ce challenge qu’est l’affinement de la silhouette (activité physique majorée, petit régime adapté). Les tests d’efficacité de ces produits devraient sérieusement prendre en compte ces paramètres là et non se contenter de mesurer les tours de taille et de cuisses.



Le palper-rouler mécanique.



La vogue de l’endermologie est indiscutable. Il s’agit, sans douleurs, de solutionner les transformations pathologiques du tissu conjonctif en service de cancérologie (pour traiter le lymphoedème), en post-chirurgie, auprès des grands brûlés, en usant d'appareils LPG ou Cellusculpts. Ils luttent efficacement contre œdème, cicatrice, fibrose.

Mais quand il s’agit, comme c’est le cas dans bon nombre de cabinets de Kinésithérapie, de désagréger la cellulite au prix du caviar (entre soixante et cent vingt euros la séance !), de vidanger les adipocytes (cellules graisseuses), il y a arnaque si le patient n'est pas clairement informé des limites du traitement. Bien que le bénéfice soit réel après quelques séances, l’adipocyte (cellule graisseuse) est toujours là, actif et prêt à se gorger de nouveau de graisse au moindre nouvel excès alimentaire. C’est un sac capable au gré des régimes, d’augmenter ou de réduire de quarante fois sa taille initiale.

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