Le cœur du senior sportif. Le cas particulier des coronariens

Actuellement, un senior de 60 ans peut espérer vivre encore 23 ans et une femme 27 ans ! La pratique du sport permet de rester le plus longtemps possible en bonne condition physique et de reculer les risques de dépendance d’une dizaine d’années.

Par le docteur Jean-Claude Kahn, Paris

Le cœur et les vaisseaux du senior

Le cœur du senior peut rester longtemps le même que celui du sujet adulte. Cependant, on observe inéluctablement avec l’âge des modifications plus ou moins importantes de l’état cardiovasculaire :

  • - une diminution de la capacité de relaxation du muscle cardiaque due à son épaississement pouvant entraîner un manque de souplesse et engendrer un essoufflement à l’effort.
  • - un durcissement des artères de l’organisme source d’hypertension artérielle portant surtout sur la maximale : exemple 165/85mmHg pour une normale < 140/90mmHg.

Les avantages cardiovasculaires du sport chez le senior sont nombreux

Le sport, ou tout du moins l’entraînement régulier et modéré, peut jouer sur ces modifications induites par l’âge.

  • - En limitant la diminution de capacité de relaxation du muscle cardiaque : la sensation d’essoufflement est ainsi moins marquée
  • - En augmentant la capacité de relâchement des vaisseaux sanguins : le risque d’hypertension artérielle diminue, protégeant ainsi le cœur et le cerveau de ses conséquences.
  • - En diminuant la consommation du muscle cardiaque en oxygène: le cœur s’accélère moins vite au repos et à l’effort.

Associé à une diététique raisonnable, l’entraînement physique régulier et modéré limite également la tendance à l’augmentation du cholestérol et de la glycémie. Il contribue ainsi à diminuer le risque d’ « encrassement » des artères de l’organisme, en particulier des coronaires.

Mais la prudence doit rester de mise !
Il importe de se souvenir que les effets délétères du vieillissement s’expriment malgré tout. Si la pratique sportive diminue le risque d’accidents cardiovasculaires, il existe toujours. Ce risque est plus élevé lorsque :

  • - le niveau d’entraînement est bas
  • - l’intensité de l’effort physique est importante
  • - et les conditions environnantes sont défavorables



Il convient donc de respecter ses propres sensations et ses limites. Évitez le sport lors des grands froids ou des fortes chaleurs. Ne pensez pas que vous êtes invulnérable et que le sport vous rendra « immortel ». Les grands sportifs meurent aussi et parfois plus tôt !

Qu’est-ce qu’être coronarien ?

Un coronarien est une personne qui a des rétrécissements (ou « sténoses ») plus ou moins serrés sur les artères nourricières du muscle cardiaque, les coronaires. Ces rétrécissements sont la conséquence de l’« encrassement » des artères par l’athérosclérose. Ce dernier est plus ou moins inéluctable avec l’âge. Et il est d’autant plus précoce et important que des facteurs de risques sont présents et non corrigés. Ces sténoses diminuent l’apport du sang et donc de l’oxygène au muscle cardiaque, à l’effort alors que les besoins sont plus élevés, et à un stade plus tardif au repos.
L’insuffisance coronaire se manifeste généralement par des douleurs thoraciques survenant à l’effort (angine de poitrine ou angor d’effort), ou par un infarctus du myocarde. Il s’agit alors d’une occlusion d’une artère coronaire par un caillot sanguin, suite habituellement à la rupture brutale d’une plaque d’athérosclérose dans la lumière artérielle. Cependant, il faut savoir que l’ischémie (le manque d’oxygène) myocardique peut rester silencieuse, notamment chez les diabétiques, privant le patient d’un signal d’alarme.

Le sport est-il permis chez le coronarien ?

Oui, si l’insuffisance coronaire est bien maîtrisée par un traitement médical, éventuellement complété par une chirurgie ou une angioplastie coronaire (« dilatation d’un ou plusieurs rétrécissements coronaires »). La rééducation physique est même conseillée dans les suites d’un infarctus du myocarde.
Il est important de bien respecter certaines restrictions :

  • - ne pas faire d’effort physique qui déclenche une douleur angineuse ou un essoufflement anormal,
  • - évitez les grands froids et les grandes chaleurs,
  • - ne recherchez pas l’esprit de compétition, ni les résultats ; pensez au sport plaisir.
  • - avoir toujours de la trinitrine à portée de la main (traitement d’urgence de la crise d’angine de poitrine).



La fréquence cardiaque ne doit pas dépasser 70 % de votre fréquence maximale théorique (220 – votre âge), soit en général 110 à 120/min pour un patient de 70 ans. Les coronariens reçoivent presque toujours un traitement bêtabloquant qui vise, entre autres, à freiner l’accélération de la fréquence cardiaque à l’effort. Des électrocardiogrammes (ECG) d’effort sont pratiqués à intervalles réguliers chez le coronarien pour vérifier l’efficacité du traitement et l’absence d’évolution des lésions coronaires.
Les sports conseillés chez le coronarien « équilibré » par le traitement sont, généralement, les sports d’endurance : la marche ou le jogging à allure seuil, le vélo, la natation, le tennis en double pour éviter d’avoir trop de terrain à couvrir, le golf, le ski de fond et ski alpin avec prudence et en évitant la marche dans la neige par grand froid et contre le vent. A l’inverse, sont déconseillés le tennis en simple, le squash, le football… Il est évident que le cardiologue ou le médecin traitant doit donner son aval pour la pratique d’une activité physique quelle qu’elle soit.

ENCADRE :

Les facteurs de risque cardiovasculaires
Les facteurs de risque cardiovasculaires, qu’ils soient constitutionnels ou acquis, augmentent statistiquement le risque de faire un accident cardiaque par rapport à un sujet normal du même sexe et du même âge. Si on ne peut pas grand-chose sur les facteurs constitutionnels (l’âge, l’homme plus tôt exposé que la femme), il n’en est pas de même pour les principaux facteurs acquis :

  • - l’hypertension artérielle (par définition à partir de 140/90mmHg) qui touche avant tout les artères cérébrales
  • - l’hypercholestérolémie qui touche avant tout les artères coronaires
  • - le diabète qui touche surtout les artères coronaires et les artères rénales
  • - le tabagisme qui touche toutes les artères, en particulier celles des membres inférieurs.


Ces facteurs sont d’autant plus dangereux qu’ils sont associés entre eux. Ainsi, un homme hypertendu, ayant une hypercholestérolémie et fumeur, a-t-il 16 à 20 fois plus de risque de faire un infarctus du myocarde qu’un sujet normal du même âge.
La parfaite correction des facteurs de risque par une diététique et un traitement appropriés permettent de revenir à un risque presque normal.

Quel est l’intérêt d’une électrocardiographie (ECG) d’effort chez un senior pratiquant le sport ?

La réalisation d’un test d’effort a plusieurs intérêts chez le senior faisant ou voulant faire du sport:

  • - rechercher des signes d’ischémie myocardique témoignant de lésions coronaires plus ou moins serrées chez un coronarien avéré ou chez un sujet ayant des facteurs de risques comme le diabète
  • - dépister une hypertension artérielle d’effort avec son risque d’AVC à l’occasion d’un effort important
  • - étudier le comportement de la fréquence cardiaque : une accélération trop rapide et élevée témoigne d’un manque d’entraînement
  • - dépister des troubles du rythme cardiaques à l’effort, potentiellement dangereux.

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